VOL•UP•2

View Original

The Role of the Translator by Kirese Narinesingh Translated by Jordan Riviere

Original illustration by Daria Burobina

What better work can one quote than “The Task of the Translator” by the illustrious Walter Benjamin, who elucidated translation as a practice that affords the opportunity of misunderstandings, or imperfections when “crossing the border between one language and another”? When one refers to crossing borders nowadays, the physical act is recalled rather than the metaphorical one that’s embodied in translation. But there would be no need for translation without the physical acts of migration and its subsequent effects that fit under the umbrella term of “globalization” which tends to eradicate or synthesize the nefarious with the good results of the meeting of communities and cultures.  

 

Recently, there’s been an increased interest in the work of translators. The literary festival, VO/VF in France, particularly celebrates the often forgotten work of translators. One of the remarkable components of translation is that it partly constitutes a conversation between the author and translator, or the text and the translated text – but it’s a conversation that knows no end. Translation will always provoke debates because it will always be imperfect.  

 

Santiago Artozqui, in an interview with TV5 Monde described translation as a “political act,” a description that lends itself to much speculation and profound thought on the role of the translator. He cites, for instance, the seminal post-colonial novel by Bill Ashcroft, “The Empire Writes Back” which was previously translated in French in a manner that did not do its original title sufficient justice.  In the context of postcolonial studies, this mistranslation speaks volumes. Translation is a way of showcasing one’s foreign culture. In Benjamin’s words, it is a “somewhat provisional way of coming to terms with foreignness.” Therefore, it also allows us to see power relations, the power of a language like English and the nuances of a language that lend itself to misinterpretation.  

 

Translation is an interview between two countries. It allows smaller countries or communities to be heard on the global stage. In this way, translation purports to reaffirm nationhood.  But unequal power relations should be examined through translation as a political act. As the global power, the United States has supreme influence over other countries, especially those that belong to its region. Developing nations, or post-colonial nations, such as Martinique, attempt to and must be represented as they wish: to "write back" in their own language to the metropole. What does it say when their words and therefore their representation are translated wrongly? Can translated texts ever truly represent them? What’s interesting is that the very title of the novel, “The Empire Strikes Back " evokes American cultural influence; it invites the idea that one must use the language of world power to communicate effectively to a global audience.  

 

Translators are mediators between two nations and their languages. In crossing these boundaries, one participates in the politics of national identity. However, it would be amiss to deny the creative role of translators. The translator’s own identity is one that is ambivalent, for the translator has her foot in two irreconcilable worlds and has the sole task of meshing the two. It is a solitary, thankless task when done well. The intent of the original author is never forgotten, for if it is, then the translated work effaces key elements, thus exposing the significant lack. Translators are creators that siphon the beauty of two cultures, each with their own language systems, knowledge, and consequently, systems of power.  


Le rôle du traducteur Par Kirese Narinesingh Traduit par Jordan Riviere

Illustration originale par Daria Burobina

Quel meilleur ouvrage peut-on citer que "The Task of the Translator" de l'illustre Walter Benjamin, qui a élucidé la traduction comme une pratique qui offre la possibilité de malentendus, ou d'imperfections lorsqu'on "traverse la frontière entre une langue et une autre" ? Quand on parle aujourd'hui de franchir des frontières, c'est l'acte physique qui est rappelé plutôt que l'acte métaphorique qui s'incarne dans la traduction. Mais il n'y aurait pas besoin de traduction sans les actes physiques de la migration et ses effets ultérieurs qui s'inscrivent dans le terme générique de "mondialisation" qui tend à éradiquer ou à synthétiser les mauvais avec les bons résultats de la rencontre des communautés et des cultures. 

Récemment, on a constaté un intérêt accru pour le travail des traducteurs. Le festival littéraire, VO/VF en France, célèbre notamment le travail souvent oublié des traducteurs. L'une des composantes remarquables de la traduction est qu'elle constitue en partie une conversation entre l'auteur et le traducteur, ou entre le texte original et le texte traduit - mais c'est une conversation qui ne connaît pas de fin. La traduction suscitera toujours des débats car elle sera toujours imparfaite. 

Santiago Artozqui, dans une interview à TV5 Monde, a décrit la traduction comme un "acte politique", une description qui se prête à beaucoup de spéculations et à une profonde réflexion sur le rôle du traducteur. Il cite, par exemple, le roman postcolonial de Bill Ashcroft, "The Empire Writes Back", qui a été précédemment traduit en français d'une manière qui ne rendait pas suffisamment justice à son titre original.  Dans le contexte des études postcoloniales, cette mauvaise traduction en dit long. La traduction est une façon de mettre en valeur sa culture étrangère. Selon Benjamin, c'est une "façon quelque peu provisoire d'accepter l'étranger". Par conséquent, elle nous permet également de voir les relations de pouvoir, la puissance d'une langue comme l'anglais et les nuances d'une langue qui se prêtent à une mauvaise interprétation. 

La traduction est un échange entre deux pays. Elle permet aux petits pays ou aux petites communautés de se faire entendre sur la scène mondiale. De cette manière, la traduction vise à réaffirmer l'identité nationale.  Mais les relations de pouvoir inégales doivent être examinées à travers la traduction en tant qu'acte politique. En tant que puissance mondiale, les États-Unis ont une influence suprême sur les autres pays, en particulier ceux qui appartiennent à leur région. Les pays en développement ou les nations postcoloniales, comme la Martinique, cherchent à et doivent être représentés comme ils le souhaitent : "répondre" dans leur propre langue à la métropole. Qu'est-ce que cela dit lorsque leurs mots et donc leur représentation sont mal traduits ? Les textes traduits peuvent-ils un jour les représenter vraiment ? Ce qui est intéressant, c'est que le titre même de l'ouvrage, "The Empire Writes Back", évoque l'influence culturelle américaine ; il invite à l'idée qu'il faut utiliser le langage de la puissance mondiale pour communiquer efficacement avec un public mondial. 

Les traducteurs sont des médiateurs entre deux nations et leurs langues. En franchissant ces frontières, on participe à la politique de l'identité nationale. Cependant, il serait erroné de nier le rôle créatif des traducteurs. L'identité propre du traducteur est ambivalente, car le traducteur a le pied dans deux mondes inconciliables et n'a pour tâche que de faire le lien entre les deux. C'est une tâche solitaire et ingrate lorsqu'elle est bien faite. L'intention de l'auteur original n'est jamais oubliée, car si elle l'est, alors l'œuvre traduite efface des éléments clés, exposant ainsi le manque important. Les traducteurs sont des créateurs qui siphonnent la beauté de deux cultures, chacune ayant son propre système linguistique, ses propres connaissances et, par conséquent, ses propres systèmes de pouvoir.