Read the right thing: how the Black Lives Matter movement has spurred us into enlightenment by Kirese Narinesingh Translated by Juliette Jordan
Kamala Harris, on accepting her unprecedented nomination as the Democratic Party’s vice presidential nominee, took to the stage to address two of the most pressing issues of our time: the recent coronavirus pandemic and long present racism, both of which are intertwined, as she summed up in the fitting adage, “There is no vaccine for racism.” One of the most interesting phenomena to arise from the Black Lives Matter movements is the re-emergence of reading as a tool of authority and understanding that can be used, in the movement against racism, to finally allow black and brown communities to shape their own truth, their own narrative.
How does reading affect our judgement, can it cause people to question their own prejudices? Is it more reliable than media? What can we read to enlighten ourselves? Is the “vaccine” reading?
Reading fiction destroys our natural tendencies to categorize ourselves into binaries of black and white, us versus them. This suggests the implicit or implied correlation between reading and increased empathy. There is sufficient evidence to presume that avid readers of fiction are more likely to empathize with others when the opportunity for self-reflection combined with emotional responses to fictional characters arises.1
But it’s not simply a matter of reading a work of fiction like Mansfield Park which is rather blasé in its portrayal of slavery. One must source and read the right things. And as equally important to this is the chance for the Black Lives Movement to consider the impact of reading on young children. In the United Kingdom, for instance, the education curriculum is being held into account for dismissing the centuries of imperialism, colonialism and slavery perpetrated by the British empire. How can we ever believe that the narrative has not controlled by the hands of those who wish to denigrate history, and therefore disrespect the nations and communities who still suffer from racism inherited by the era of slavery and colonialism?
It appears that the need to enlighten oneself escapes even politicians. Donald Trump’s repeated attacks on Kamala Harris constitute conspiracy theories that aim to render her ambiguous, un-American and therefore not worthy of or eligible for the people’s vote. This vitriol is no doubt undeniably racist, xenophobic and divisive and meant to trigger and exploit
The same deep-seated paranoid fears of Americans that similarly emerged in the era following 9/11. Difference becomes synonymous with dissidence: minorities are treated as parasites, or much like an invisible virus lurking behind the facade of normalcy.
But the supposed villain that Trump needs to win his elections by stirring up his base is not Harris or any other minority figure. The real villain hides behind the veneer of normalcy that America has become increasingly worse at putting on. Not only are minorities hindered when it comes to voting- voter ID laws in states like North Carolina attest to this- but they are also more susceptible to catching the coronavirus. Racism is the abstract concept, physically manifested throughout history in the traumatic experiences of victims and put on page in their memoirs, their novels and their poetry.
Is the antidote to racism reading? How different would the outcome be, even if it were marginal, if people chose to enlighten themselves by reading the right things? The Black Lives Matter movement was the context needed to propel the undecided or the ignorant into self-reflection. The use of social media and coverage of the protests across the United States was larger than in 2016. But media is tricky. Hold its attention, and you have a movement. If you don’t manage to capture its attention for too long, you’ll see your movement slip through the palm of your hand. Control the media, control the narrative.
In the midst of the protests, however, media and literature merged. Education can go a long way. Indeed there was an unprecedented number of white supporters, probably due to social media’s documenting and mass proliferation of George Floyd’s brutal, tragic death. Instagram became flooded with posts encouraging the ignorant to educate themselves, even supplying checklists of books written by black authors about black history. Streaming services made efforts to advertise more films and tv shows with black protagonists or black history. The name of my article will also recall one of the best films of all time, which is also about race, Spike Lee’s Do the Right Thing. Magazines and sites like Vogue wrote articles such as “An Essential Anti-Racist Reading List” in efforts to prove themselves as allies to the movement.
Like we’ve seen in the protests, just as social media reinvigorated fiction and non-fiction novels centered around the experience of minority groups such as black communities in the United States, France and England, there needs be a united front against racism. Lockdown and quarantine have actually encouraged a wake-up call to police brutality and the systemic nature of racism, leading to steps towards reform that start with empathy through learning- and how better to start than by reading?
1 “Effects of Literature on Empathy and Self- Reflection: A Theoretical-Empirical Framework” Eva Maria Koopman, Frank Hakemulder (Journal of Literary Theory, 2015)
Lisez Ce Qu'Il Faut : Comment Le Mouvement Black Lives Matter Nous a Poussés à La Réflexion par Kirese Narinesingh
Traduit par Juliette Jordan
Kamala Harris, en acceptant sa nomination sans précédent en tant que candidate du Parti démocrate à la vice-présidence, est montée sur scène pour aborder deux des questions les plus urgentes de notre époque : la récente pandémie de coronavirus et le racisme de longue date, qui sont tous deux liés, comme elle l'a résumé dans l'adage approprié : "Il n'y a pas de vaccin pour le racisme." L'un des phénomènes les plus intéressants découlant des mouvements Black Lives Matter est la réémergence de la lecture en tant qu'outil d'autorité et de compréhension pouvant être utilisé, dans le cadre du mouvement contre le racisme, pour permettre enfin aux communautés racisées de façonner leur propre vérité, leur propre récit.
Comment la lecture affecte-t-elle notre jugement, peut-elle amener les gens à remettre en question leurs propres préjugés ? Est-elle plus fiable que les médias ? Que peut-on lire pour s'éclairer ? Le “vaccin” est-il la lecture ?
La lecture de romans détruit notre tendance naturelle à nous classer dans des catégories, noir et blanc, nous contre eux. Cela suggère une corrélation implicite ou sous-entendue entre la lecture et l'augmentation de l'empathie. Il existe suffisamment de preuves pour supposer que les lecteurs assidus de fiction sont plus enclins à éprouver de l'empathie pour les autres lorsqu'ils ont l'occasion de réfléchir sur eux-mêmes et de réagir de manière émotionnelle aux personnages de fiction.1
Mais il ne s'agit pas simplement de lire une œuvre de fiction comme Mansfield Park, qui est plutôt blasée dans sa représentation de l'esclavage. Il faut se renseigner et lire les bonnes choses. L'opportunité pour le mouvement “Black Lives Matter” d'examiner l'impact de la lecture sur les jeunes enfants est tout aussi importante. Au Royaume-Uni, par exemple, les programmes d'enseignement sont mis en cause pour avoir ignoré les siècles d'impérialisme, de colonialisme et d'esclavage perpétrés par l'empire britannique. Comment pouvons-nous croire que le récit n'a pas été contrôlé par ceux qui souhaitent dénigrer l'histoire, et donc manquer de respect aux nations et aux communautés qui souffrent encore du racisme hérité de l'ère de l'esclavage et du colonialisme ?
Il semble que la nécessité de se renseigner échappe même aux politiciens. Les attaques répétées de Donald Trump contre Kamala Harris constituent des théories du complot qui visent à la rendre suspecte, non américaine et donc non digne ou non éligible au vote du peuple. Ce vitriol est sans aucun doute indéniablement raciste, xénophobe et diviseur et vise à déclencher et à exploiter.
Il s'agit des mêmes peurs paranoïaques profondes des Américains que celles qui sont apparues après le 11 septembre 2001. La différence devient synonyme de dissidence : les minorités sont traitées comme des parasites, ou comme un virus invisible tapi derrière la façade de la normalité.
Mais le prétendu méchant dont Trump a besoin pour gagner ses élections en excitant sa base n'est pas Harris ou toute autre figure minoritaire. Le vrai méchant se cache derrière le vernis de normalité que l'Amérique a de plus en plus de mal à mettre en place. Non seulement les minorités sont entravées lorsqu'il s'agit de voter (les lois sur l'identification des électeurs dans des États comme la Caroline du Nord en témoignent), mais elles sont également plus susceptibles d'attraper le coronavirus. Le racisme est un concept abstrait qui s'est manifesté physiquement tout au long de l'histoire dans les expériences traumatisantes des victimes et qui a été mis en page dans leurs mémoires, leurs romans et leur poésie.
L'antidote au racisme est-il la lecture ? Dans quelle mesure le résultat serait-il différent, même s'il était marginal, si les gens choisissaient de s'éclairer en lisant les bonnes choses ? Le mouvement Black Lives Matter a été le contexte nécessaire pour pousser les indécis ou les ignorants à l'autoréflexion. L'utilisation des réseaux sociaux et la couverture des manifestations à travers les États-Unis ont été plus importantes qu'en 2016. Mais les médias sont délicats. Retenez leur attention et vous aurez un mouvement. Si vous ne parvenez pas à capter leur attention trop longtemps, vous verrez votre mouvement vous échapper. Contrôlez les médias, contrôlez le récit.
Cependant, au milieu des manifestations, les médias et la littérature ont fusionné. L'éducation peut mener loin. En effet, le nombre de manifestants blancs était sans précédent, probablement en raison de la documentation et de la diffusion massive de la mort brutale et tragique de George Floyd par les réseaux sociaux. Instagram a été inondé de messages encourageant les ignorants à s'instruire, fournissant même des listes de livres écrits par des auteurs noirs sur l'histoire des Noirs. Les services de streaming se sont efforcés de promouvoir davantage de films et de séries télévisées avec des protagonistes noirs ou l'histoire des Noirs. Le titre de mon article rappellera également l'un des meilleurs films de tous les temps, qui traite également de la question raciale, Do the Right Thing de Spike Lee. Des magazines et des sites comme Vogue ont rédigé des articles tels que “An Essential Anti-Racist Reading List” (une liste de ouvrages antiracistes essentiels) afin de prouver qu'ils étaient des alliés du mouvement.
Comme nous l'avons vu lors des manifestations, tout comme les réseaux sociaux ont revigoré les romans de fiction et de non-fiction centrés sur l'expérience des groupes minoritaires tels que les communautés noires aux États-Unis, en France et en Angleterre, il est nécessaire d'établir un front uni contre le racisme. Le confinement et la pandémie ont en fait favorisé une prise de conscience des brutalités policières et de la nature systémique du racisme, conduisant à des mesures de réforme qui commencent par l'empathie à travers l'apprentissage ; et quoi de mieux que de commencer par la lecture ?
1 “Effects of Literature on Empathy and Self- Reflection: A Theoretical-Empirical Framework” Eva Maria Koopman, Frank Hakemulder (Journal of Literary Theory, 2015)