Accent Discrimination by Kirese Narinesingh Translated by Jordan Riviere
Original illustration by Sowmya
A study by Queen Mary University of London showed that “the hierarchy of accents” in the United Kingdom was alive and well, with certain accents such as the Afro-Caribbean and Liverpuldian facing bias, and others such as Received Pronunciation and American English facing little discrimination. Linguicism is the term used when referring to linguistic discrimination. But what does it actually mean to discriminate against someone’s speech? What does linguicism signify with respect to one’s identity?
In Sorry to Bother You (2018), the protagonist, a black telemarketer, Cash is forced to adopt a “white voice” to succeed in his job. Linguistic bias resonates not only with class, but with race. In fact, it almost goes without saying that there is a tendency to conflate race with speech, when accents are actually formed through exposure to particular surroundings as well as your personal identity. However, it’s near impossible not to form associations with accents, based on class, gender and cultures. When comparing Multicultural London English (MLE) to Received Pronunciation (RP) in the United Kingdom, a study on Britain’s accent bias demonstrated that RP fared considerably better on the scales of prestige and social attractiveness.
To be discriminated against, based on an accent, seems to be an affront to cultural identity, according to Ngugi wa Thiong’o, who proposed that one of the conditions of imperialism was linguistic prejudice. If there is a hegemonic language (the language of the imperialist), then the subordinate, inferior language is that of the colonized, the indigenous, or the “foreign.” Indeed, the notion that some dialects are grammatically incorrect extends to African American Vernacular English (AAVE) which, far from being “incorrect” has its own complex system of structure and grammar. However, the persistence of stigmas creates the necessity for learning two dialects, one that’s learned from home, and one that is achieved by secondary socialization; what therefore results is the phenomena of “diglossia” whereby one switches dialects according to a particular situation.
Linguistic richness, as seen in the variety of dialects in countries like England, America, and many others, tend to be stifled in favor of a dialect that is usually universally considered the supreme, sanitized, “high-culture” version of the language. Hegemony arises out of a desire to impose power on a supposed inferior culture. Linguistic hegemony suggests the desire to create unequal power relations, which, of course, has an impact on large and smaller scales. In the context of the United Kingdom, for instance, this may impact on social status and future job opportunities. Let’s recall the case of Fiona Hill, the “coal-miner’s daughter from County Durham” whose particular situation resonates with the persistence of the British class system. Hill, a presidential advisor and foreign affairs specialist, has claimed that her working class accent would have “impeded her professional advancement” in Britain, whereas in the United States, her background “has never set her back.”
The intricacies of language and linguistic hierarchies prove to be anything but simple. Language is identity, but it is also a marker of power. It creates power and takes it away. But there are no laws against accent discrimination in the United Kingdom. And in countries like France, there is the notion of “correct” language, that is deemed fit by a council of officials, The Académie Française. Because language is not seen as an active medium of power, the slow violence of linguistic hegemony is not fully perceived until an accent or dialect seen as “inferior” goes extinct. The first step towards a semblance of advancement towards linguistic equality is to acknowledge that language is culture. And with culture comes power.
La Glottophobie
par Kirese Narinesingh Traduit par Jordan Riviere
Illustration originale de Sowmya
Une étude de l'université Queen Mary de Londres a montré que "la hiérarchie des accents" au Royaume-Uni était bien réelle, certains accents tels que l'afro-caribéen et le liverpuldien étant victimes de préjugés, tandis que d'autres, comme la prononciation Oxford et l'anglais américain, sont peu discriminés. La glottophobie est le terme utilisé pour désigner la discrimination linguistique. Mais qu'est-ce que cela signifie réellement de discriminer la parole de quelqu'un ? Que signifie la glottophobie par rapport à l'identité d'une personne ?
Dans Sorry to Bother You (2018), le protagoniste, un démarcheur téléphonique noir, Cash est obligé d'adopter une « voix blanche » pour réussir dans son travail. Les préjugés linguistiques résonnent non seulement avec la classe sociale, mais aussi avec la race. En fait, il va presque sans dire que l'on a tendance à associer la race à la parole, alors que les accents sont en réalité formés par l'exposition à un environnement particulier ainsi que par l'identité personnelle. Cependant, il est presque impossible de ne pas faire d'associations avec les accents, en fonction de la classe sociale, du sexe et des cultures. En comparant l'anglais multiculturel londonien (MLE) à la prononciation Oxford reçue (RP) au Royaume-Uni, une étude sur les préjugés liés à l'accent britannique a démontré que la RP s'en sortait beaucoup mieux sur l'échelle du prestige et de l'attrait social.
Être discriminé sur la base d'un accent semble être un affront à l'identité culturelle, selon Ngugi wa Thiong'o, qui a proposé que l'une des conditions de l'impérialisme soit le préjugé linguistique. S'il existe une langue hégémonique (la langue de l'impérialiste), alors la langue subordonnée, inférieure, est celle du colonisé, de l'indigène ou de l’« étranger ». En effet, la notion selon laquelle certains dialectes sont grammaticalement incorrects s'étend à l'anglais vernaculaire afro-américain (AAVE) qui, loin d'être « incorrect », possède son propre système complexe de structure et de grammaire. Cependant, la persistance des stigmates crée la nécessité d'apprendre deux dialectes, l'un appris à la maison et l'autre obtenu par une socialisation secondaire ; il en résulte donc le phénomène de « diglossie » par lequel on change de dialecte en fonction d'une situation particulière.
La richesse linguistique, comme en témoigne la variété des dialectes dans des pays comme l'Angleterre, les États-Unis et bien d'autres, tend à être étouffée au profit d'un dialecte qui est généralement considéré comme la version suprême, aseptisée et « de haute culture » de la langue. L'hégémonie naît du désir d'imposer son pouvoir à une culture supposée inférieure. L'hégémonie linguistique suggère le désir de créer des relations de pouvoir inégales, ce qui, bien sûr, a un impact à grande et à petite échelle. Dans le contexte du Royaume-Uni, par exemple, cela peut avoir un impact sur le statut social et les futures opportunités d'emploi. Rappelons le cas de Fiona Hill, la « fille de mineur du comté de Durham » dont la situation particulière résonne avec la persistance du système de classe britannique. Hill, conseillère présidentielle et spécialiste des affaires étrangères, a affirmé que son accent ouvrier aurait « entravé son avancement professionnel » en Grande-Bretagne, alors qu'aux États-Unis, son origine « ne l'a jamais freinée ».
Les subtilités de la langue et des hiérarchies linguistiques s'avèrent être tout sauf simples. La langue est une identité, mais elle est aussi un marqueur de pouvoir. Elle crée du pouvoir et enlève du pouvoir. Mais il n'existe pas de lois contre la discrimination fondée sur l'accent au Royaume-Uni. Et dans des pays comme la France, il y a la notion de langue « correcte », qui est jugée appropriée par un conseil de fonctionnaires, l'Académie française. Parce que la langue n'est pas considérée comme un moyen de pouvoir actif, la lente violence de l'hégémonie linguistique n'est pas pleinement perçue jusqu'à ce qu'un accent ou un dialecte considéré comme "inférieur" disparaisse. Le premier pas vers un semblant d'avancée vers l'égalité linguistique est de reconnaître que la langue est une culture. Et avec la culture vient le pouvoir.