INGA PRASKEVICIUTE Translated by Juliette Jordan
Model: @_yuri_gagarina_ | Photography: @ginsadauskaite | Assistant: @arthur.finch_ | Art Direction: @cgvonplaten | Make Up: @jana.reininger
Inga Praskeviciute sows the seeds of change in her womenswear collection for Central Saint Martins. One glance at her ‘dandelion seed belt’ and you’ll understand what I mean. She affixed 500 handmade wooden beads that resemble dandelion seeds to a corset to create the aforementioned piece. Praskeviciute congregated these beads–which she developed with jewelry designer and fellow Central Saint Martins student, Cara Forte–at the waist. Each bead holds a dandelion stem, which lightens the look of the presumably weighty belt. In this design alone, Praskeviciute juxtaposes bulky beads with what looks like weightless wires. By doing so, she creates a congruent look from objects that couldn’t be more polar in weight. This design, along with the rest of her collection, delivers a message that goes beyond fashion: that is, as humans we hold a variety of identities that would appear to conflict yet somehow coexist.
Praskeviciute preserves polarity by incorporating both heavy and light materials into her designs. She chooses to not choose between the two. Czech writer Milan Kundeira, however, wrestled with polarity in The Unbearable Lightness of Being, a book Inga found influential when creating her collection. He writes, “the heavier the burden, the closer our lives come to the earth, the more real and truthful they become. Conversely, the absolute absence of burden causes man to be lighter than air, to soar into heights, take leave of the earth and his earthly being, and become only half real, his movements as free as they are insignificant. What then shall we choose? Weight or lightness?” Inga refutes this either/or thinking and rather embraces both weight and lightness. She finds harmony between these binaries while still honoring their different properties. Take, for instance, Inga’s asymmetrical dip-dyed dress. She uses an unknown yet perceivable light fabric to create this garment. She contrasts the airiness of the piece by incorporating a weight around the waist so as to keep the dress in place. She creates a cohesive design that celebrates the difference between the materials that comprise her dress.
At first glance, Praskeviciute’s pieces appear playful. Upon further inspection, Inga’s dualistic designs possibly shed light on an aspect of the human experience. Her asymmetrical dress, for example, carries a weight just below the waist. Inga’s ‘dandelion seed belt’ sits at the waist. Her placement of the weighted objects in these two womenswear pieces seems to suggest a heaviness that exists at the waist of humans who have a womb, a life-giving yet sometimes burdensome organ. The origin of the beads belonging to the ‘dandelion seed belt’ also potentially address the weightiness and lightness found in individuals who give and/or provide for life. The beads are wrapped in viscose raffia, a sustainable material made from Raffia Palm Tree leaves. These leaves belong to a tree that dies once its seeds mature. This process reminds me of life-givers who drain themselves to raise their offspring yet simultaneously gain freedom from being drained. For instance, caregivers neglect other facets of themselves to form a singular identity, that of a provider. As the child develops and draws from the caregiver’s reservoir of knowledge and experience, the provider’s identity as a caretaker diminishes, making their identity as a caregiver obsolete. On the flip side, the death of this identity welcomes the rebirth of a caregiver’s sense of self. Returning back to the seeds in Inga’s ‘dandelion seed belt,’ the death of the Raffia Palm Tree, like the death of a caregiver’s identity, allows for its seeds to proliferate and regenerate more trees or in this instance, allow Inga to repurpose them for sustainable fashion.
Inga Praskeviciute seems to explore this dualism in caregiving not only in her designs–as exemplified by her choice of materials–but also in her reflection of her own childhood. As she mentioned in an interview with UR Magazine back in June of 2022, “I’ve been taught responsibility by actions of my mother, who single-handedly raised four children…my mother’s clothes became the archetypes that I then played with by using personally developed techniques exploring lightness and heaviness.” Inga herself borrowed from her mother so as to develop her skills as a designer, just like a child draws on her caregiver to mature. Praskeviciute repurposes her mother’s experiences for design inspiration, giving her mother a new essence, just like caregivers get a new identity once their offspring mature. Praskeviciute possibly intends to draw attention to the dualism of life in her designs. She explores the relationship between heaviness and lightness, suggesting that these differences can coexist in the human experience.
Designer's Socials: Inga
Designer's Graduate Collection: Inga Praskeviciute
INGA PRASKEVICIUTE
Par Helena Connell
Traduit par Juliette Jordan
Modèle : @_yuri_gagarina_
Photographe : @ginsadauskaite
Assistant : @arthur.finch_
Direction Artistique: @cgvonplaten
Maquillage : @jana.reininger
Inga Praskeviciute sème les graines du changement dans sa collection de vêtements pour femmes pour Central Saint Martins. Il suffit de jeter un coup d'œil à sa “ceinture de graines de pissenlit” pour comprendre ce que je veux dire. Elle a fixé 500 perles de bois faites à la main, qui ressemblent à des graines de pissenlit, sur un corset pour créer la pièce susmentionnée. Praskeviciute a rassemblé ces perles, qu'elle a développées avec Cara Forte, créatrice de bijoux et étudiante à Central Saint Martins, au niveau de la taille. Chaque perle contient une tige de pissenlit, ce qui allège l'apparence de la ceinture qui semble lourde. Dans ce seul modèle, Praskeviciute juxtapose des perles volumineuses à ce qui ressemble à des fils aériens. Ce faisant, elle crée un look harmonieux à partir d'objets dont le poids ne pourrait être plus éloigné. Ce modèle, ainsi que le reste de sa collection, délivre un message qui va au-delà de la mode : en tant qu'êtres humains, nous possédons une variété d'identités qui semblent s'opposer et qui, pourtant, coexistent d'une manière ou d'une autre.
Praskeviciute préserve la polarité en incorporant des matériaux lourds et légers dans ses créations. Elle choisit de ne pas choisir entre les deux. L'écrivain tchèque Milan Kundeira s'est toutefois penché sur la polarité dans L'insoutenable légèreté de l'être, un livre qu'Inga a trouvé influent lors de la création de sa collection. Il écrit : "Plus le fardeau est lourd, plus nos vies se rapprochent de la terre, plus elles deviennent réelles et véridiques. Inversement, l'absence absolue de fardeau fait que l'homme est plus léger que l'air, qu'il s'élève dans les hauteurs, qu'il quitte la terre et son être terrestre et qu'il n'est plus qu'à moitié réel, que ses mouvements sont aussi libres qu'insignifiants. Que choisir alors ? Le poids ou la légèreté ?" Inga réfute ce choix et préfère embrasser à la fois le poids et la légèreté. Elle trouve l'harmonie entre les deux, tout en honorant leurs différentes propriétés. Prenons, par exemple, la robe asymétrique teinte par trempage d'Inga. Elle utilise un tissu léger inconnu mais perceptible pour créer ce vêtement. Elle contraste l'aspect aérien de la pièce en incorporant un poids autour de la taille afin de maintenir la robe en place. Elle crée un design cohérent qui célèbre la différence entre les matériaux qui composent sa robe.
À première vue, les œuvres de Praskeviciute semblent ludiques. En y regardant de plus près, on s'aperçoit que les créations duales d'Inga mettent peut-être en lumière un aspect de l'expérience humaine. Sa robe asymétrique, par exemple, porte un poids juste en dessous de la taille. La “ceinture de graines de pissenlit” d'Inga est placée au niveau de la taille. L'emplacement des objets lestés dans ces deux vêtements féminins semble suggérer la lourdeur qui existe au niveau de la taille des êtres humains qui ont un utérus, un organe qui donne la vie mais qui est parfois lourd à porter. L'origine des perles appartenant à la “ceinture de graines de pissenlit” évoque également la lourdeur et la légèreté des personnes qui donnent et/ou pourvoient à la vie. Les perles sont enveloppées dans du raphia viscose, un matériau durable fabriqué à partir de feuilles de raphia. Ces feuilles appartiennent à un arbre qui meurt une fois que ses graines sont arrivées à maturité. Ce processus me rappelle les personnes qui donnent la vie, qui s'épuisent pour élever leur progéniture et qui, en même temps, gagnent leur liberté en se vidant. Par exemple, les aidants négligent d'autres facettes d'eux-mêmes pour former une identité singulière, celle de pourvoyeur. Au fur et à mesure que l'enfant se développe et puise dans le réservoir de connaissances et d'expériences de l'aidant, l'identité de l'aidant en tant que pourvoyeur diminue, rendant son identité de pourvoyeur obsolète. En revanche, la mort de cette identité est propice à la renaissance du sentiment d'identité de l'aidant. Pour en revenir aux graines de la “ceinture de pissenlits” d'Inga, la mort du palmier raphia, tout comme la mort de l'identité d'un aidant, permet à ses graines de proliférer et de régénérer d'autres arbres ou, dans le cas présent, permet à Inga de les réutiliser pour la création d'une mode durable.
Inga Praskeviciute semble explorer ce dualisme présent dans le rôle d'aidant non seulement dans ses créations, comme l'illustre son choix de matériaux, mais aussi dans sa réflexion sur sa propre enfance. Comme elle l'a mentionné dans une interview accordée à UR Magazine en juin 2022, " J'ai appris la responsabilité par les actions de ma mère, qui a élevé seule quatre enfants... les vêtements de ma mère sont devenus les archétypes avec lesquels j'ai ensuite joué en utilisant des techniques développées personnellement pour explorer la légèreté et la lourdeur ". Inga a elle-même emprunté à sa mère pour développer ses compétences de styliste, tout comme un enfant s'inspire de la personne qui s'occupe de lui pour mûrir. Praskeviciute réutilise les expériences de sa mère pour s'inspirer en matière de création, donnant ainsi à sa mère une nouvelle essence, tout comme les personnes qui s'occupent d'un enfant acquièrent une nouvelle identité une fois que leur progéniture est parvenue à maturité. Praskeviciute souhaite peut-être attirer l'attention sur le dualisme de la vie dans ses créations. Elle explore la relation entre la lourdeur et la légèreté, suggérant que ces différences peuvent coexister dans l'expérience humaine.
Instagram de la créatrice : Inga
Collection d’étude de la créatrice : Inga Praskeviciute
Modèle : @meme.devil
Photographe : @ginsadauskaite
Assistant : @arthur.finch_
Direction artistique : @cgvonplaten
Maquillage : @jana.reininger
Bijoux réalisés en collaboration avec @caramayforte
Modèle : @_yuri_gagarina_
Photographe : @ginsadauskaite
Assistant : @arthur.finch_
Direction artistique : @cgvonplaten
Maquillage : @jana.reininger
Bijoux réalisés en collaboration avec @caramayforte
Modèle : @meme.devil
Photographe : @ginsadauskaite
Assistant : @arthur.finch_
Direction artistique : @cgvonplaten
Maquillage : @jana.reininger
Modèle : @_yuri_gagarina_
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Direction artistique : @cgvonplaten
Maquillage : @jana.reininger
Bijoux réalisés en collaboration avec @caramayforte