Beauty standards for Black women and “misogynoir” by Laurisa Sastoque Translated by Jordan Riviere
Art by Taylor Aversa
Discrimination and oppression are two of society’s fatal flaws that activists have been fighting against for centuries. These negative forces of power have imposed definitions on groups of people depending on their place in a hierarchy, their nature, their appearance and even their tastes. Some of the most affected identities are the Black population which has faced a painful history due to the color of their skin, and women who have struggled for centuries to achieve equality.
When several oppressed identities come together in an individual, it creates what Black feminist scholar Kimberlé Williams Crenshaw called intersectionality. Every person belongs to a number of different groups, and their unique situation in discrimination or privilege exists in the convergence of all these sets of identities. One of these such intersections was given a name in 2010 by scholar Moya Bailey, who coined the term “misogynoir,” referring to the specific type of discrimination faced by Black women.
In the 2018 article “On misogynoir: citation, erasure, and plagiarism,” Moya Bailey and Trudy (credited as well with the proliferation of the term) explain their motivations for the creation of “misogynoir.” The stereotyped treatment of women in the healthcare system, the flawed education around race and gender, and the unjust representation of Black women in contemporary media were some of the problems that the authors identified in society.
Moya Bailey, image from News@Northeastern
Recently, with the anti-racist efforts happening worldwide, understanding the term and the situation it describes has become crucial. It is highly prevalent in expectations such as the “strong Black woman,” which even permeates the area of healthcare, where doctors assume a higher pain tolerance for Black women. In terms of personality, the “fiery” and loud stereotype represents an obstacle in the perception of Black women who are trying to make a point, or speak out their ideals.
Perhaps one of the most problematic tropes is the hypersexualization of the Black female body. Both in media and in misogynistic discourse, Black female bodies are depicted as curvy, revealing, and highly objectified figures. These encasing tropes not only harmfully reduce the perception of Black women, but they are also intimately linked to sexual violence. According to the National Online Resource Center on Violence Against Women, African American women, to this day, face an unsafe environment that stems all the way from rape patterns in colonial Americas.
Furthermore, society’s ideals regarding Black women’s bodies also affect their self-perception, as demonstrated by a study published in the Journal of Black Psychology named “Beauty and Body Image Concerns Among African American College Women.” According to the findings, Black women report getting special treatment or “exoticism” comments with regards to their hair and other traits, as well as feeling undesired due to colorism.
In terms of the hypersexualization of their bodies, Black women feel the need to conform to a certain body standard in order to “fit in” and feel encased in microaggressions that suggest that their intentions are merely sexual. Similarly, the participants in the study describe the representation of Black women in media as overly sexualized, causing skewed definitions of Black beauty to emerge.
Mickalene Thomas, “Can’t We Just Sit Down and Talk it Over?”
The study points of a principal problem: the beauty standards that media and society direct towards Black women are based on misogynoir. In order to create a safe environment for development, unjust representations and expectations need to be recognized. According to Moya Bailey’s 2018 article, a world without misogynoir is possible. For her, the key lies in educational reforms and a transgenerational effort to change and inform on the oppression that has been historically directed towards Black women’s personalities and bodies.
This does not mean, however, that individuals who are not involved in education play no role. Misogynoir can be committed by individuals of all gender and racial identities, and the effort begins by self-recognizing harmful practices and behaviors, as well as staying informed on and calling out instances of injustice.
Œuvre de Taylor Aversa
Les normes de beauté pour les femmes noires et le "misogynoir" par Laurisa Sastoque
Traduit par Jordan Riviere
La discrimination et l'oppression sont deux des failles les plus graves de la société contre lesquelles les militants luttent depuis des siècles. Ces forces négatives du pouvoir ont imposé des définitions à des groupes de personnes en fonction de leur place dans une hiérarchie, de leur nature, de leur apparence et même de leurs goûts. Parmi les identités les plus touchées figurent la population noire, qui a connu une histoire douloureuse en raison de la couleur de sa peau, et les femmes, qui ont lutté pendant des siècles pour obtenir l'égalité.
Lorsque plusieurs identités opprimées sont réunies dans un même individu, cela crée ce que la chercheuse féministe noire Kimberlé Williams Crenshaw a appelé l'intersectionnalité. Chaque personne appartient à un certain nombre de groupes différents, et leur situation unique en matière de discrimination ou de privilège existe dans la convergence de tous ces ensembles d'identités. L'une de ces intersections a été baptisée en 2010 par la chercheuse Moya Bailey, qui a inventé le terme "misogynoir", en référence au type spécifique de discrimination auquel sont confrontées les femmes noires.
Dans l'article de 2018 "Sur le misogynoir : citation, effacement et plagiat", Moya Bailey et Trudy (à qui l'on attribue également la prolifération du terme) expliquent leurs motivations pour la création du "misogynoir". Le traitement stéréotypé des femmes dans le système de santé, l'éducation défectueuse sur la race et le sexe, et la représentation injuste des femmes noires dans les médias contemporains sont quelques-uns des problèmes que les auteures ont identifiés dans la société.
Moya Bailey, image de News@Northeastern
Récemment, avec les efforts de lutte contre le racisme déployés dans le monde entier, il est devenu crucial de comprendre ce terme et la situation qu'il décrit. Il est très courant dans les représentations comme celle de la "femme noire forte", qui imprègne même le domaine des soins de santé, où les médecins supposent une plus grande tolérance à la douleur pour les femmes noires. En termes de personnalité, le stéréotype de la femme "fougueuse" et bruyante représente un obstacle dans la perception des femmes noires qui tentent de faire valoir leur point de vue, ou d'exprimer leurs idéaux.
L'un des clichés les plus problématiques est peut-être celui de l'hypersexualisation du corps de la femme noire. Tant dans les médias que dans le discours misogyne, les corps des femmes noires sont dépeints comme des silhouettes rondes, révélatrices et très objectivées. Ces clichés réduisent non seulement la perception des femmes noires, mais ils sont aussi intimement liés à la violence sexuelle. Selon le National Online Resource Center on Violence Against Women, les femmes afro-américaines sont encore aujourd'hui confrontées à un environnement dangereux qui découle des pratiques de viols de l'Amérique coloniale.
En outre, les idéaux de la société concernant le corps des femmes noires affectent également leur perception de soi, comme le démontre une étude publiée dans le Journal of Black Psychology intitulée "Beauty and Body Image Concerns Among African American College Women" (les préoccupations relatives à la beauté et à l'image corporelle des étudiantes afro-américaines). Selon les conclusions de cette étude, les femmes noires déclarent bénéficier d'un traitement spécial ou de commentaires "exoticistes" en ce qui concerne leurs cheveux et d'autres traits, ainsi que d'un sentiment d'indésirabilité dû au colorisme.
En ce qui concerne l'hypersexualisation de leur corps, les femmes noires ressentent le besoin de se conformer à une certaine norme corporelle afin de "s'intégrer" et se sentent prisonnières d’un dénigrement qui suggère que leurs intentions sont seulement sexuelles. De même, les participants à l'étude décrivent la représentation des femmes noires dans les médias comme trop sexualisée, ce qui entraîne l'émergence de définitions biaisées de la beauté noire.
Mickalene Thomas, “Can’t We Just Sit Down and Talk it Over?”
L'étude met en évidence un grave problème : les normes de beauté que les médias et la société appliquent aux femmes noires sont basées sur le misogynisme. Afin de créer un environnement propice au développement, il est nécessaire de reconnaître les représentations et les expectatives injustes. Selon l'article de Moya Bailey, publié en 2018, un monde sans misogynisme est possible. Pour elle, la clé réside dans des réformes éducatives et un effort transgénérationnel pour changer et informer sur l'oppression qui a été historiquement dirigée contre les personnalités et les corps de femmes noires.
Cela ne signifie pas pour autant que les personnes qui ne sont pas impliquées dans l'éducation ne jouent aucun rôle. Le misogynisme peut être commis par des individus de toutes les identités sexuelles et raciales, et l'effort commence par l'auto-reconnaissance des pratiques et des comportements nuisibles, ainsi que par l'information et la dénonciation des cas d'injustice.